Aujourd’hui, en cherchant cet album sur Deezer, on le trouvera immanquablement accompagné d’une critique vraisemblablement d’époque parue dans les Inrocks et signée Anne-Claire Norot. Un cas d’école: quatorze ans après la sortie d’un album, mettre en parallèle une écoute actuelle et sa réception. C’est éclairant. Assez peu sur les qualités de la galette en question, plutôt sur les aprioris de la journaliste et l’orientation hypee-yuppie de sa rédaction.
Pour mémoire, en 1997, le revival anglais porté par les grosses machines Blur et Oasis truste les ondes. Singles catchy et Rock and Roll circus médiatique sur fond de vieille guéguerre myth(olog)ique Beattles vs Stones. En 1997, Oasis commence déjà à sérieusement tourner en rond avec Be Here Now et Blur lorgne, cette année là, du côté du grunge-FM avec Blur.
Gene, dont Drawn to the Deep End est le troisième album, est un éternel outsider, loin même derrière les Suede, Pulp, un Kula Shaker émergent…etc. Le groupe restera de toute manière obscur, loin de l’engouement même éphémère qu’auront pu susciter les consorts plus haut cités.
Aujourd’hui, d'intéressant, on ne retient plus d’Oasis que son premier album. Les grimaces grungies de Blur sur l’album éponyme ont mal vieilli et pris une patine kitcheuse dont peuvent encore se délecter les inconditionnels; les autres s’en amuseront, tout au plus.
Aujourd’hui, quatorze ans après, Drawn to the Deep End s’écoute comme une petite perle discrète et subtile inscrite dans un contexte qui la survolait malgré elle. Un album élégant quoiqu’un peu foutraque, avec ses maladresses, certes, mais une indéniable atmosphère. On notera, en effet, que le chant peut fleurer le Morrissey, certaines progressions d’accords et un son général, évidemment rappeler les Smiths. Mais pas sans originalité, toutefois, et c’est peut-être ce qui aura déplu à Anne-Claire Norot en son temps. Il y a des grands anciens, pour chacun d’entre nous, auxquels on ne touche pas. Pour ma part, les Smiths, à haute dose, c’est juste chiant. Alors sur ce fond là, les petites originalités de Gene sont salutaires. La curieuse emphase des compositions en devient presque attendrissante. Le travail des guitares est tout à fait maîtrisé : propre, et ici encore, élégant, sans débauche d’effets et de virtuosité (cf Suede, pour comparer…). Pas de hit-single tape à l’œil, mais un beau disque cohérent et surprenant, une prod qui n’a pas mal vieilli au point de devenir de mauvais goût. Un disque, enfin, que ne dénigreraient peut être plus les inrocks d’aujourd’hui s’il devait côtoyer la production pop-rock actuelle : Gene passerait sans doute pour un groupe sincère, modeste et inventif.
L'album sur Deezer, avec sa critique par Anne-Claire Norot
L'album sur Deezer, avec sa critique par Anne-Claire Norot
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