mardi 19 juillet 2011

Carnet de déroute: François Béru et les anges déchus



En 2001, François « Fanfan » Béru s’entoure d’ex-Banlieue rouge et d’ex-Molodoi le temps d’un album passé largement inaperçu : Carnet de déroute.

Fanfan, tribun libertaire et poète des squats, après 1989 a failli s’engager dans la légion étrangère avant d’étudier le vietnamien, puis l’histoire, pour devenir plus tard ingénieur de recherche en charge de la documentation sur Vietnam au CNRS. Carnet de déroute est un peu la rencontre de François Béru et de François Guillemot. On retrouve l’un devenu l’alter-ego de l’autre que l’on découvre un peu.

On embarque dans le Dernier train pour Lào Cai : riff à la Stooges, vraie batterie puis les intonations assagies de Fanfan Béru. Dés le deuxième couplet, l’expression « invitation au voyage » ne sera pas usurpée pour parler brièvement de ce disque. François Guillemot a une vraie écriture qui sait faire parler la nuit, la vitesse et les lumières. Une écriture qui a muri et développé la poésie des bérus, sa simplicité et ses images comme des reflets, mais imparables. Parfum de la misère nous fait retrouver la Danseuse de l’Orient, Comme on retrouvera plus loin un peu de Soleil noir ou même l’Hélène d’Hélène et sang dans Suzana de Sarajevo. Les figures féminines des bérus qui savaient toucher le romantisme de nous adolescents ressuscitées plus réelles encore dans l’univers glauque où  nous trainent maintenant les Anges déchus. Ceux là s’imposent comme un groupe de rock français capable, même si de circonstance. Quartier rouge enlace les guitares, l’acoustique et l'électrique qui rappellera Tom Verlaine ou Teyssot-Gay. On déambule dans une nuit chaude, embrumée et mélancolique bien filmée par le groupe. Où est la France confirme l’orientation « chanson » du projet. Format single, accessible et fédérateur, une ballade dévalée en hors piste par ces mêmes guitares distordues. La louve de Trà-Vinh synthétise toute l’entrée matière disque et éclaire la « petite fille aux yeux d’amande » de Vietnam, Laos, Cambodge dont l’ombre planait, prégnante. Une courte promenade diurne, un bref poème mis en musique. Quatrième pays et Carnassiers reviennent à des fondamentaux rock alternatifs dans leurs thèmes ou dans leur réalisation et dénotent presque en voulant relancer la machine. Retour au Carnet de déroute avec De l’autre côté du fleuve et détour par Sarajevo et un texte typiquement Bérurier avec Suzana de Sarajevo. Suit un morceau de bravoure : Petite fleur de Danang. Texte et composition quasi cinématographiques au pouvoir d’évocation remarquable sur lequel j’aime à clore ce voyage tortueux en compagnie de François Guillemot-Béru.

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